La kinkerne dans les Alpes du sud

La kinkerne dans les Alpes du sud

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L'émigration temporaire

Cette tradition des départs hivernaux est attestée "Da tempi immémorabili".

 

Laissons la parole à J.E. FODERE, chirurgien des armées napoléoniennes et créateur de la médecine légale, qui vécut à Saint-Dalmas en 1804 :

              Cet usage est extrêmement ancien et des vieillards de quatre-vingt ans m’en ont parlé comme d’une chose déjà pratiquée par leurs ancêtres ».

 

 Ainsi  du temps de Fodéré, contrairement aux siècles précédents, seuls les hommes et les jeunes en âge de partir  allaient gagner leur subsistance, parfois fort loin. L’hiver est long, les activités masculines réduites et ces départs diminuaient le nombre de bouches à nourrir durant la mauvaise saison. Ces pérégrinations pouvaient les entrainer dans des pays éloignés. Un concert de vielleux dalmassiers aurait redonné le moral à Louis XVIII, alors exilé à GAND après le débarquement de Napoléon 1e à Golfe-Juan (épisode dit « des cent jours »).

L’étymologie d’un lieu-dit a un rapport étroit avec la vielle et le récit de J.E. FODERE. Les départs du 1e novembre se faisaient par un col qui communique avec la haute vallée du Var (village d’Estenc). C’est par là qu’une caravane formée d’hommes avec vielles et marmottes dans leurs caisses s’est laissée surprendre par une avalanche. Ce ne fut qu’au printemps suivant , à la fonte des neiges, que furent retrouvés les corps, les débris d’instruments et les marmottes gelées dans leurs caisses. La région où s’est produite la catastrophe a porté le nom, en patois francisant, de « gialo-orgues » (gèle-orgues). Le toponyme actuel, après transcription  par des officiers du service géographique des armées, qui ne comprenaient pas les dialectes locaux est « Gialorgues ».

Autre témoignage, celui du chevalier De Cessole, grand découvreur des sommets des Alpes du  Sud : voici l’extrait du 15e bulletin de la section des Alpes Maritimes du Club Alpin Français( 1898), à propos du col de Gialorgues :

« Quant à l’étymologie de ce nom, on la trouve dans la traduction de Gialorgues, en patois gialo-orgues, gèle-orgues.La tradition rapporte que très anciennement une foule de Saint-Dalmassiers, portant des violes et des orgues et allant vers le commencement de l’hiver chercher ailleurs son existence, fut ensevelie sous des avalanches de neige

 

Ainsi à la Toussaint, toute la population du village et des hameaux se réunissait sur la place du village (pas l’actuelle ! ), écoutait une messe solennelle et toute cette jeunesse partait vers « Les Frances », évitant ainsi l’extrême rigueur d’un hiver  interminable.


06/11/2014
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