La kinkerne dans les Alpes du sud

La kinkerne dans les Alpes du sud

La kinkerne dans les autres vallées

 

 

George SAND a propulsé vielle et cornemuse en BERRY au point d’en faire des instruments emblématiques ( voir Les Maîtres sonneurs) Mais il existe un contre-exemple de ce qui s’est passé pour le Berry, et il se situe en Provence. La vielle avait toujours été présente, particulièrement dans le sud des Alpes. Les crêches du XIXe siècle comportent souvent parmi les santons une vielleuse (rarement un vielleux !) à la place du tambourinaire ou à ses côtés ; en revanche, au début du XXe siècle, on ne trouve plus que le tambourinaire devenu par excellence le musicien provençal. Or le Félibrige, fondé en 1854, est en grande partie responsable de la détermination de ce qui est provençal ou non : voulant défendre leur culture et leur langue, les Félibres, et à leur tête Frédéric MISTRAL, ont été à l’origine d’un mouvement de rejet  de ce qui venait du nord, de Paris, etc … La vielle a fait partie de ce qu’on a abandonné, d’autant plus probablement qu’à la même époque, elle devenait « Berrichonne ». Autre élément ayant joué en défaveur de la vielle : l’impossibilité de collecter le répertoire musical, contrairement à d’autres régions où quelques ménétriers restaient encore bien présents et pouvaient transmettre leur savoir, parfois à l’aide de documents écrits. Le galoubet-tambourin est devenu l’instrument de prédilection en Provence.

 

L'appréciation de George SAND, dans "Le moulin d'Angibault", d'une écriture romantique, mais tellement juste, clôturera le débat:

"Le son de la cornemuse, uni à celui de la vielle, écorche un peu les oreilles de près; mais, de loin, cette voix rustique qui chante parfois de si gracieux motifs rendus plus originaux par une harmonie barbare, a un charme qui pénètre les âmes simples et qui fait battre le coeur de quiconque en a été bercé dans les beaux jours de son enfance. Cette forte vibration de la musette, quoique rauque et nasillarde ce grincement aigu et ce staccato nerveux de la vielle sont faits l'un pour l'autre et se corrigent mutuellement". 

 

La vielle était présente à NICE dans le premier tiers du XIXe siècle ,  la lithographie du musée Masséna représente une joueuse vue de la « place aux herbes ».(A titre anecdotique, elle tient son instrument  à l’envers, la manivelle étant tenue de la main gauche !) Si elle a (presque !) disparu de la côte, elle s’est maintenue dans le haut-pays, essentiellement dans la vallée de la Tinée, mais aussi dans le Haut Var et dans le Haut Verdon. Deux ateliers de construction de l’instrument durent y fonctionner, à Allos et à Péone. On suppose qu'elle était également fabriquée à Bousieyas (hameau de Saint-Dalmas). Le curé se plaignait du bruit que faisaient les jeunes du village à la sortie de la messe avec leurs tambours et leurs vielles!  La kinkerne fut aussi  présente à Barcelonnette et dans la vallée de l’Ubaye et reste très pratiquée actuellement dans les vallées occitanes du Piémont. Voir « lou dalfin »

Dans la majorité des villages du comté de NICE, les émigrants gardaient leurs métiers en se rendant en Provence ou en Piémont: ouvriers agricoles, bûcherons, surtout bergers, ..

En Haute-Tinée, ils changeaient complètement de  métiers et devenaient saltimbanques pendant six mois. C'était là l'originalité de cette expatriation temporaire.



22/11/2014
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