Ecoliers des montagnes au XIXe siècle: En avance sur leur temps ?
Les instituteurs itinérants (appelés "régents d'école") descendaient des hautes vallées du Briançonnais, du Queyras, de la Haute-Ubaye pour louer leurs services dans le bas-pays (Provence, Dauphiné, Bresse, ...) Ils formaient l'élite de l'instruction dans les hautes vallées.
Beaucoup n'exerçaient que le temps d'une saison, d'autres pratiquaient ce métier toute leur vie.
A leur chapeau, ceux qui enseignaient la lecture avaient une plume,
le calcul, avaient deux plumes,
le latin, avaient trois plumes !
Une anecdote retrace l'avance de l'enseignement reçu par tous dans ces montagnes:
En 1833, lors d'une de ses tournées dans le Queyras, l'inspecteur des eaux et forêts Pierre Isidore Delafont se demande si "des paysans aussi grossiers vont pouvoir le comprendre"
A son grand étonnement, ces derniers pratiquent un excellent français et conversent même en latin,le mettant lui-même en difficulté .
Un régent d'école à deux plumes: lecture, calcul ..
En fait, chaque hameau dispose d'une école appointée par les familles.Dans le Briançonnais et le Queyras on trouve une moyenne de 70 écoles pour 10 villages.
Pourquoi une telle soif de connaissances ?
---- Les dangers de l'hiver limitent les déplacements,
---- La longueur et les rigueurs de l'hiver obligent à une inactivité forcée, propre à développer le goût de l'instruction
---- La très forte minorité protestante est attachée à la lecture de la Bible, créant une obligation pour les enfants (simple hypothèse ?)
---- Les meilleurs écoliers, encouragés par leurs curés ou leurs pasteurs, avaient la possibilité de pratiquer ce métier temporaire, qui pouvait être lucratif sans mise de fonds
